Agridata n°16 L’évolution de l’agriculture bio dans le monde
Cette semaine je vous propose un Agridata consacré à l’évolution de l’agriculture bio (aussi appelée “organic” en anglais) dans le monde. Vous y trouverez les statistiques les plus récentes sur l’agriculture bio dans le monde avec notamment les surfaces cultivées en agriculture bio pays par pays, le classement des pays en fonction des surfaces consacrées à l’agriculture bio, la part des surfaces agricoles consacrées au bio par pays, …
Il convient tout d’abord de préciser qu’au niveau mondial, en 2022, 74 pays ont mis en place une réglementation sur l’agriculture biologique, qui 21 pays disposent d’une réglementation sur l’agriculture biologique qui n’est pas entièrement mise en œuvre, et que 15 pays sont en train d’élaborer une législation.
Toutes les données présentées ci-dessous sont issues du rapport The World of Organic Agriculture Statistics and Emerging Trends 2023 publié par Research Institute of Organic Agriculture FiBL et IFOAM – Organics International.
NDLR : les cartes et les graphiques sont interactifs et il est donc par exemple possible de cliquer sur les pays et d’effectuer des recherches pays par pays, d’isoler un pays en particulier ou encore de choisir une année bien précise pour les graphiques
Graphique 17.1 Evolution des surfaces agricoles bio depuis 2000 (en ha)
En l’espace de deux décennies, les surfaces agricoles consacrées au bio sont passées d’un peu moins de 15 millions d’hectares à 76,4 millions d’hectares.
Si, en Europe, la croissance des surfaces agricoles consacrées au bio a progressé de manière quasi linéaire (3,8 millions d’hectares en 2000, 15,6 millions d’hectares en 2021, soit une progression de 310%) c’est surtout en Océanie (et principalement en Australie) que le changement a été le plus important (5,3 millions d’hectares en 2000, 36 millions d’hectares en 2021, soit une progression de 578%). C’est à partir de 2012 que l’agriculture bio a véritablement pris son envol en Océanie.
Néanmoins, la part des surfaces agricoles consacrées au bio au niveau mondial ne représente que 1,6% en 2021.
Graphique 17.2 Evolution de la surface dans les 25 pays avec la plus grande surface agricole bio
Depuis 2000, l’Australie a toujours été leader en termes de surfaces agricoles bio, bien loin devant les autres.
En 2000, seuls 3 pays (Australie, Argentine, Italie) avaient plus d’1 million d’hectares de surfaces agricoles bio. En 2021, ils étaient 12.
Entre 2000 et 2021, la France est passée de la 10è à la 3è place au niveau mondial.
Graphique 17.3 Répartition des surfaces agricoles bio dans le monde en 2011 (en %)
En 2011, sur un total d’environ 37,4 millions d’hectares, l’Australie représentait environ un tiers des surfaces agricoles bio dans le monde, devant l’Europe (27%) et l’Amérique (26,4%). Il faut néanmoins préciser qu’en Australie, les surfaces en bio sont principalement constituées de surfaces herbagères extensives.
Graphique 17.4 Répartition des surfaces agricoles bio dans le monde en 2021 (en %)
En 2021, sur un total d’environ 76,4 millions d’hectares, l’Australie représentait quasiment la moitié des surfaces agricoles bio dans le monde. L’Europe ne représentait plus que 22,9% des surfaces et l’Amérique 17,6%.
Carte 17.5 Part de la surface bio dans le territoire agricole national en 2021 (en %)
C’est au Liechtenstein que la part de bio dans l’agriculture est la plus importante (40,2%).
En 2021, 20 pays avait au moins 10% de leur surface agricole consacrée à l’agriculture bio. Dans le monde, la moyenne est de 1,6%.
Graphique 17.6 Répartition des cultures bio par continent en 2021
En Europe, les prairies permanentes représentent 39,7% des surfaces cultivées en bio, devant les céréales (16,7% des surfaces) et les fourrages (15,1%)
En Océanie, les prairies permanentes représentent 99% des surfaces cultivées en bio
En Asie, les céréales représentent 37,8% des surfaces cultivées en bio, devant les oléagineux (16,5%) et les plantes à textiles (13,8%)
Graphique 17.7 Surfaces cultivées en bio et part dans le territoire agricole dans chaque pays de l’UE
En Europe c’est le Liechtenstein qui a la part de surfaces cultivées en bio la plus importante. Mais parmi les principaux pays, l’Allemagne, la France et l’Espagne ont une part de surfaces cultivées en bio qui tourne autour de 10% mais en Italie elle est proche de 17%
Graphique 17.8 Comparaison entre la part du bio dans l’agriculture et la part du bio dans les achats en 2021
On note une certaine déconnection entre la part des surfaces agricoles consacrées au bio et la part des achats consacrés au bio. En France, par exemple, le bio représente 9,6% des surfaces agricoles mais seulement 6,6% des achats. En Allemagne, le bio représente 10,8% des surfaces agricoles mais seulement 7% des achats. C’est encore plus frappant en Italie, où le bio représente 16,7% des surfaces agricoles mais seulement 3,4% des achats. A l’inverse, aux Etats-Unis, le bio représente 6% des achats mais seulement 0,6% des surfaces agricoles.
Envie d’en savoir plus sur un autre produit ou une autre filière? Retrouvez les autres Agridata ici.
Agridata n°20 : évolution des émissions de CO2 par pays
Cette semaine j’ai décidé de m’intéresser à l’évolution des émissions de CO2 par pays. C’est un sujet complexe car il faut parfois combiner plusieurs sources de données. Si ces graphiques ont quelques défauts inhérents aux sources de données (les émissions liées au transport aérien ou au commerce de marchandises ne sont en général pas pris en compte) ils permettent tout de même de se faire une idée de l’évolution des émissions de CO2 pays par pays sur longue période.
Plusieurs jeux de données ont été utilisés pour réaliser ces graphiques : la base de données EDGAR – Emissions Database for Global Atmospheric Research, des données retravaillées par Our World In Data, le Global Carbon Budget, United Nations, World Population Prospects pour l’évolution de la population, World Bank World development indicators pour l’évolution du PIB.
Je vous rappelle que ces graphiques sont interactifs, c’est à dire que vous pouvez faire une recherche par pays, sélectionner un continent en particulier en cliquant sur la légende du graphique. N’hésitez donc pas à utiliser toutes les possibilités offertes pour examiner plus en détail l’évolution d’un continent ou d’un pays.
Graphique 20.1 Evolution des émissions annuelles de gaz à effet de serre en équivalents CO2 par continent sur longue période (en tCO2éq)
Au début de cette période, en 1850, le Royaume-Uni était le premier émetteur de GES, avec des émissions près de six fois supérieures à celles du deuxième pays le plus émetteur, les États-Unis. La France, l’Allemagne et la Belgique complètent la liste des cinq premiers émetteurs. Entre 1850 et 1960, le monde a connu une croissance constante des émissions, due en grande partie à l’industrialisation et à la croissance démographique, en particulier aux États-Unis. Cette évolution n’a connu que quelques interruptions dues à des événements historiques, comme la Grande Dépression dans les années 1930 et la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945. Dans les années 1950, la Chine et la Russie ont commencé à voir leurs émissions augmenter à mesure que leurs économies se développaient.
Depuis le début du 21e siècle, les émissions mondiales de GES ont augmenté régulièrement par rapport aux deux décennies précédentes, principalement en raison de l’augmentation des émissions de CO2 fossile de la Chine, de l’Inde et d’autres pays émergents.
Depuis 2010, nous émettons collectivement plus 50 milliards de tonnes de CO2e par an. Cela représente une augmentation de plus de 40 % par rapport aux années 1990, où les émissions s’élevaient à environ 35 milliards de tonnes.
Après une légère baisse en 2020 à cause de la pandémie de Covid-19, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) sont reparties à la hausse.
Graphique 20.2 Evolution des émissions annuelles cumulées de gaz à effet de serre en équivalents CO2 par continent sur longue période (combustibles fossiles et de l’industrie, ainsi que changement d’affectation des sols) (en tCO2éq)
Il a été démontré qu’il existe une relation directe et linéaire entre la quantité totale de CO2 émise par l’activité humaine et le niveau de réchauffement à la surface de la Terre. En outre, le moment où une tonne de CO2 est émise n’a qu’un impact limité sur l’ampleur du réchauffement qu’elle provoquera en fin de compte. En effet, les émissions de CO2 d’il y a des centaines d’années continuent à contribuer au réchauffement de la planète, et le réchauffement actuel est déterminé par le total cumulé des émissions de CO2 au fil du temps.
Un peu plus de la moitié de toutes les émissions cumulées de CO2 dans le monde ont eu lieu depuis 1990, année du premier rapport d’évaluation du GIEC. Ce rapport a reconfirmé le changement climatique anthropique d’une manière incontournable et a conduit à la création de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Graphique 20.3 Les émissions cumulées de gaz à effet de serre en équivalents CO2 par pays jusqu’en 2022 (combustibles fossiles et de l’industrie, ainsi que changement d’affectation des sols) (en milliards de tCO2éq)
Les États-Unis restent en première position pour leurs émissions cumulées de CO2 sur longue période. À fin 2022, les États-Unis ont émis plus de 554,79 milliards de tonnes de CO2 depuis 1850.
L’histoire des émissions nationales de CO2 est aussi une histoire de développement. Au cours des premières décennies de la chronologie, les émissions mondiales de CO2 étaient dominées par le changement d’affectation des terres et la sylviculture. A cette époque, les plus gros émetteurs étaient principalement des nations géographiquement étendues comme les États-Unis, la Russie et la Chine, qui abattaient leurs forêts tempérées pour en faire des terres agricoles et des combustibles. Dans le même temps, plusieurs pays européens (Royaume Uni, France et Allemagne) se sont mis à émettre de plus en plus de CO2 parce qu’ils étaient en pleine industrialisation alimentée par le charbon. Au Brésil et en Indonésie la déforestation a commencé vers 1950, notamment pour l’élevage de bétail, l’exploitation forestière et les plantations d’huile de palme.
Graphique 20.4 Répartition des émissions cumulées de gaz à effet de serre en équivalents CO2 par pays jusqu’en 2022 (combustibles fossiles et de l’industrie, ainsi que changement d’affectation des sols) (%)
Avec 20,89 % du total des émissions à ce jour, les Etats-Unis ont de loin la part la plus importante.
Graphique 20.5 Evolution des émissions de gaz à effet de serre des principaux pays émetteurs depuis 1970 (en millions de tCO2éq)
Alors que les États-Unis ont conservé leur place de premier émetteur de CO2 jusqu’en 2003, les pays asiatiques ont également commencé à émerger, la Chine en tête.
Avec une croissance économique soutenue, la Chine a connu une explosion de ses émissions dans les années 2000 (+285 % entre 1990 et 2022). L’essor chinois repose en effet principalement sur la consommation de charbon, l’énergie la plus polluante. La réduction de son usage du charbon a toutefois entrainé un ralentissement de ses émissions de GES, qui ont plafonné entre 2014 et 2016, avant d’augmenter de nouveau.
Graphique 20.6 Répartition des émissions de gaz à effet par pays pour l’année 1990 (en %)
En 1990 les Etats-Unis étaient le pays qui émettait le plus de CO2 et représentait près de 19% des émissions mondiales.
En 1990, les 10 premiers émetteurs représentaient 61% des émissions globales.
Graphique 20.7 Répartition des émissions de gaz à effet par pays pour l’année 2022 (en %)
En valeur absolue, la Chine est désormais de loin le plus important émetteur de gaz à effet de serre. A lui seul, le pays émet près de 30% des émissions mondiales de GES.
En 2022, les 10 premiers émetteurs représentaient 64,2% des émissions globales.
Graphique 20.8 Evolution des émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2022
L’année 1990 sert d’année de référence pour de nombreux pays qui se sont donnés des objectifs en termes de réduction de gaz à effet de serre. La Commission européenne a par exemple présenté son “paquet climat” (ou “Fit for 55”) en 2021. Ce dernier comprend des mesures d’une ampleur inédite, destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % en 2030 par rapport à 1990. Elle est également souvent considérée comme la dernière ligne de démarcation après laquelle on peut raisonnablement considérer que les décideurs politiques sont conscients des dangers du changement climatique induit par l’homme.
Entre 1990 et 2022, la majorité des pays européens ont vu leurs émissions diminuer. Seuls quelques uns (Portugal, Espagne, Norvège) ont vu leurs émissions augmenté mais la hausse a été contenu à 10%. Les pays des autres continents ont en grande majorité augmenter leurs émissions de plus de 50% sur la période. Parmi les grands pays quelques uns font tout de même exception, à l’image du Japon (-10,5%) ou les Etats-Unis (-2,4%).
Graphique 20.9 Répartition des émissions annuelles totales de dioxyde de carbone (CO₂) en 2022 (en tCO2éq par habitant)
On retrouve les petits pays producteurs d’hydrocarbures aux premières places. Ainsi le Qatar (37,6 tCO2e), les Emirats arabes unis (25,8 tCO2e), le Bahreïn (25,7 tCO2e) ou encore le Koweit (25,6 tCO2e) sont les pays avec le plus fort taux d’émissions de gaz à effet de serre par habitant.
Graphique 20.10 Evolution des émissions annuelles totales de dioxyde de carbone (CO₂) par habitant depuis 1970 (en tCO2éq par habitant)
Graphique 20.11 Répartition des émissions annuelles totales de dioxyde de carbone (CO₂) en 2022 en fonction du PIB par habitant
Envie d’en savoir plus sur un produit ou une filière agricole ? Retrouvez les autres Agridata ici.