Agridata n°15 : la production et le commerce de blé dans le monde
Cette semaine je vous propose 11 graphiques interactifs consacrés à une production agricole dont on a beaucoup parlé ces derniers mois à cause de la flambée des prix : le blé. Nous allons analyser la production et le commerce de blé dans le monde. Vous découvrirez ainsi quels sont les principaux pays producteurs de blé dans le monde, quelle est l’évolution de leur production depuis les années 60, quel est le niveau de la consommation dans les différents pays du monde ou encore quels sont les principaux flux d’import/export.
Les données utilisées sont issues de FAO Stat.
Graphique 15.1 Evolution de la production mondiale de blé par continent et au niveau mondial (en tonnes)
La production mondiale de blé a fortement augmenté en 60 ans. Elle est passée de 222,4 millions de tonnes en 1961 à 765,8 millions tonnes en 2019 (soit une multiplication par 3,4).
Alors que l’Europe a été leader de la production mondiale de blé jusqu’au début des années 90, elle a été dépassée depuis par l’Asie, dont la production a explosé, passant de 45,8 millions de tonnes en 1961 à 337,9 millions de tonnes en 2019 (soit une multiplication par 7,37). La production de blé sur le continent américain est également en croissance, mais dans des proportions moins importante que pour l’Europe ou l’Asie. Elle est ainsi passée de 50,8 millions de tonnes en 1961 à 116,8 millions de tonnes en 2019.
Graphique 15.2 Evolution de la surface consacrée à la culture de blé par continent et au niveau mondial (en hectares)
En ce qui concerne l’évolution des surfaces consacrées à la culture de blé au niveau mondial, on se rend compte qu’elles ont finalement assez peu variées depuis les années 60, oscillant entre 204,2 millions d’hectares en 1961 (soit environ 3,75 fois la surface de la France) et 215,9 millions d’hectares en 2019 (soit 3,96 fois la surface de la France).
Néanmoins, les surfaces consacrées à la culture de blé ont diminué en Europe sur la période 1961-2019, passant de 90,5 millions d’hectares à 62,4 millions d’hectares. A l’inverse elles ont augmenté en Asie, passant de 61,2 millions d’hectares à 98,6 millions d’hectares.
Graphique 15.3 Evolution des rendements de la culture de blé par continent et au niveau mondial (en quintaux par hectare)
Si au niveau mondial les surfaces consacrées à la culture de blé n’ont finalement que peu augmenté depuis les années 60, c’est la très forte amélioration des rendements qui explique que la production de blé a triplé. Ainsi, en Europe, les rendements son passés de 12,6 quintaux à l’hectare en 1961 à 42,7 quintaux à l’hectare en 2019. En Asie, ils sont passés de 7,5 quintaux à l’hectare à 34,2 quintaux à l’hectare. En Amériques, ils sont passés de 13 quintaux à l’hectare à 33,7 quintaux à l’hectare. Même en Afrique les rendements ont progressé, passant de 7 quintaux à l’hectare à 27,6 quintaux à l’hectare.
Graphique 15.4 Evolution des 20 principaux pays producteurs de blé (en tonnes)
L’URSS a été le premier producteur mondial de blé de 1961 jusqu’à 1983, date à laquelle la Chine est passée premier producteur mondial et l’est restée jusqu’en 2019. Si les Etats-Unis ont longtemps été le deuxième producteur mondial de blé derrière l’URSS, ils sont passés 3è à la fin des années 70. Ils sont redevenus 2è producteur mondial lors de la dissolution de l’URSS mais ont été de nouveau dépassé par l’Inde au milieu des années 1995. Ils sont par la suite passés 4è producteur mondial en 2015.
En 2019, la Chine et l’Inde sont de loin les deux premiers producteurs mondiaux de blé. Ils dépassent tous les deux les 100 millions de tonnes.
La France, quant à elle, était le 5è producteur mondial de blé en 1961 et l’est toujours plus ou moins resté. Elle l’est d’ailleurs toujours en 2019.
Graphique 15.5 Evolution des 20 pays consacrant le plus de surfaces à la culture de blé (en hectares)
Si, entre le début des années 60 et le début des années 90 l’URSS est le pays qui a consacré le plus de surfaces à la culture du blé, la Chine est par la suite devenu leader en termes de surfaces après le démantèlement de l’URSS mais l’Inde est passé devant au tout début des années 2000 et reste à ce jour le pays qui consacre le plus de surfaces à la culture du blé.
L’URSS a d’ailleurs consacré jusqu’à 70 millions d’hectares à la culture du blé au milieu des années 60. Aucun pays n’a depuis dépassé ce score.
La France, qui était le 11è pays en termes de surfaces au début des années 60 (avec environ 4 millions d’hectares) est passée à la 13è place en 2019 (avec 5,2 millions d’hectares).
A noter également que les Etats-Unis consacre moins de surface à la culture de blé en 2019 (15 millions d’hectares) qu’en 1961 (20,5 millions d’hectares).
Graphique 15.6 Segmentation de la production de céréales au niveau mondial entre 1961 et 1965 (moyenne 1961-1965 en tonnes)
Graphique 15.7 Segmentation de la production de céréales au niveau mondial entre 2015 et 2019 (moyenne 2015-2019 en tonnes)
Au début des années 60 c’est le bloc Europe + URSS qui dominait la production mondiale de blé.
Désormais, c’est l’Asie qui domine.
Graphique 15.8 Les principaux échanges de blé dans le monde (moyenne 2017-2019 en tonnes, échanges supérieurs à 1000 tonnes)
La Russie est le premier exportateur mondial de blé, avec une moyenne de 36,9 millions de tonnes exportées par an sur la période 2017-2019. Les Etats-Unis sont seconds, avec une moyenne de 26 millions de tonnes. Le Canada est troisième avec une moyenne de 22,8 millions de tonnes. La France est quant à elle le 4è exportateur mondial de blé avec une moyenne de 18,4 millions de tonnes.
Comme nous pouvons le voir sur le graphique ci-dessus, seule une poignée de pays exportent une quantité significative de blé.
Graphique 15.9 Positionnement des principaux pays producteurs par rapport à l’export (moyenne 2014-2018)
Comme le montre le graphique ci-dessus, parmi les grands pays producteurs de blé, certains exportent une partie de leur production mais d’autres pas du tout. Ainsi, si la Chine et l’Inde sont les plus gros producteurs de blé au monde, les deux pays conservent toute la production pour leur marché intérieur. Certains pays africains produisent également du blé mais seulement pour leur consommation intérieure. C’est le cas du Maroc, de l’Egypte ou de l’Algérie. Parmi les autres pays ayant la même stratégie, il y a également la Turquie et le Pakistan.
A l’inverse, plusieurs pays qui sont parmi les plus grands producteurs exportent plus de la moitié de leur production de blé. C’est le cas du Canada, de l’Australie, de l’Ukraine, de l’Argentine et de la France. La Russie et les Etats-Unis exportent entre 40 et 45% de leur production.
Seuls 6 pays ont exporté plus de 10 millions de tonnes de blé par an.
Graphique 15.10 Bilan du blé en France pour 2020/2021 (en tonnes)
En France, sur un total d’environ 30,6 millions de tonnes de blé disponibles en 2021/2021 :
- 47% ont été transformées, que ce soit en panification (18,9% du blé transformé), en amidonnerie(18,1% du blé transformé), en alcool (11,1% du blé transformé) ou encore pour de l’alimentation du bétail (31,6% du blé transformé)
- 45% ont été exportées, dont plus de la moitié (53,5% des exportations) vers les pays tiers et le reste (44%) vers l’Europe
- 8% sont parties en stock
Graphique 15.11 Valeur des exportations de blé de la France en 2019 (en k€)
La France exporte en majeure partie vers l’Afrique, notamment vers l’Algérie, le Maroc et l’Egypte.
En Europe ses principaux clients sont la Belgique, les Pays-Bas et l’Espagne.
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